Numérisation : le cercle vertueux des petites entreprises

Je n’aurais pas imaginé commencer (enfin) ce blog par un tel article, mais quand il faut, il faut !

Anne-Laure, enchantée. Professionnelle de la communication et du marketing, mais avant tout humaine elle aussi fouettée par les flux et reflux d’une pandémie aussi contrariante que contraignante. Inquiète notamment de l’avenir de nos petits commerces, artisans, restaurateurs, alors que ce tissu local, à taille humaine est pourtant si précieux à notre pays.


Clique mon commerce :
une solution imparfaite pour numériser les petits commerces ?

Depuis des jours, je me vois partager encore et encore des articles pour sensibiliser mon entourage à l’importance de soutenir ces commerces aux épaules bien moins solides et pourtant tellement plus fiables que celles des grands groupes.
En parallèle, j’entends parler des aides du gouvernement visant à aider les petites entreprises dans leur démarche de numérisation. Cela m’interpèle, évidemment, moi actrice du web dans tous ses états (le web, pas moi, quoique ;p) et plus que partisane de la consommation locale.
Je creuse un peu, et je découvre que les aides sont conditionnées par une labellisation du gouvernement. Pour la faire courte, soit tu es dans les petits papiers du gouvernement, soit tu ne peux pas proposer tes services à ces petits commerces que tu aimerais pourtant aider autrement qu’en relayant des articles sur tes réseaux sociaux. Enfin si, tu peux proposer tes services, mais ils ne pourront pas avoir l’aide directe de 500€ ou le chèque numérique de 1500€ si tu n’es pas labellisé.

Pendant ce temps là, des freelance autour de moi, talentueux de folie, voient leurs carnets de commandes se vider. Alors, ok, ils ont aussi une aide de l’état. Mais on est d’accord que si ces freelance, en général très branchés sujets de la numérisation, pouvaient aider les commerces de proximité dans leur communication, ça aurait beaucoup de sens (et ça ferait des économies d’aides en passant).
Sauf que, quand on fait un tour sur le site Clique mon commerce, on ne tombe que sur des entreprises plus “structurées” diront-nous. Leurs offres certes à prix réduit, sont souvent liées à un abonnement mensuel. Lorsqu’on n’y connait pas grand chose, ou qu’on a le budget (sur le long terme) pourquoi pas. Mais, s’agit-il vraiment de solutions pertinentes pour nos petits commerces ? Permettez moi de penser que non, et l’explication suit.


Choisir la meilleure solution pour numériser son commerce

Le premier confinement vous a mis un coup, le reconfinement vous assomme de manière encore plus violente. C’est bien normal de vous sentir perdu et de sauter sur une solution pour tant bien que mal continuer votre activité grâce au numérique à défaut de pouvoir la mener au contact direct du client.
Mais attention à ne pas vous faire avoir par des solutions de numérisation peut-être très bien dans le court terme mais qui pourraient s’avérer inutiles ou contraignantes dans la durée.

Numériser votre activité doit devenir une opportunité de booster votre activité, même au-delà des confinements. En revanche, cela ne doit pas devenir une nouvelle charge supplémentaire pour vous.

Digitalisation de votre activité :
les fausses bonnes solutions ?

Vous ne connaissez rien ou pas grand chose à la vente en ligne, alors toute solution parait bonne à prendre d’autant que chaque jour qui passe sans vente physique possible fragilise d’autant plus votre activité.
Les tarifs promotionnels proposées par les entreprises labellisées par l’état vous réconfortent. Cependant, je vous invite à la vigilance, et à vérifier qu’à long terme, l’opération reste effectivement rentable pour vous.

Si l’on se penche sur les solutions actuellement présentées par Clique mon commerce, pas une seule n’implique pas un abonnement payant mensuel ou annuel si vous souhaitez continuer à avoir votre e-boutique en ligne après la période de gratuité liée au confinement.
Voici quelques exemples de solutions qui méritent d’y réfléchir à deux fois :

  • DOLMEN
    Plate-forme de communication locale” (dont entre-nous le fonctionnement m’échappe alors que pourtant je pige plutôt vite d’habitude) est gratuite pendant le confinement puis à 49€/mois.
    Et si on clique sur leurs études de cas, nous avons des témoignages d’Auchan ou Super U. Super, hein, mais n’est-ce pas un peu “Gros Bill” par rapport à votre activité ? Et si on s’amuse à creuser les chiffres censés être là pour un effet ‘Wahou’ on a des “12% de taux de retours pour les meilleures campagnes” et là, je reste décidément par convaincue.

  • KEYNEOSOFT
    Editeur et intégrateur de solutions digitales en magasin permettant aux enseignes de créer des nouveaux parcours d’achats et de ventes en magasin” m’inspire le même genre de conclusion. 390 €HT au lieu de 10 000 €HT pour l’installation + 50 €/mois (au lieu de 90€/mois) jusqu’au 31/12
    Si vous n’êtes pas un équivalent d’Ikea ou Paul (et on est d’accord que ça ce ne sont PAS des petits commerces comme on l’entend ??) je ne vois pas la pertinence.

  • WIZISHOP
    Solution de e-commerce française qui permet de créer une boutique en ligne très facilement, pour toucher une cible plus large et développer son chiffre d’affaires” a certes le mérite d’être une solution à la digitalisation Made in France mais implique d’être prêt à y mettre le prix à terme puisque gratuit pendant 3 mois, il vous faudra compter 27€ HT/mois pour la formule standard , 77€ HT/mois pour la Pro et 297 € HT/mois pour la formule Advanced, sans compter la commission de 1% sur chaque vente.
    Si vous avez le budget (j’ai un doute avec la crise), la solution Wizishop parait intéressante par le fait que leur offre inclut un accompagnement par ce qu’ils appellent un Business Coach et facilitent la communication sur les différents canaux, car il ne suffit pas d’avoir un site e-commerce pour effectivement vendre en ligne ! Ayez en tête que si vous optez pour cette solution, c’est pour investir à long terme dessus ou tout avoir à reprendre à zéro ailleurs plus tard. Dommage quand la pandémie vous “offre l’opportunité” de vous digitaliser une bonne fois pour toute.

  • PRESTASHOP
    Outil de e-commerce très connu et réputé semble proposer un STARTER PACK E-COMMERCE et il pourrait être vite fait de penser qu’entre la possibilité de l’utiliser sans abonnement tout en profitant de la “flexibilité dans la personnalisation de votre site, grâce aux modules et thèmes disponibles sur la marketplace PrestaShop Addons 469,99 € au lieu de 719,99 €” qui rentre tout pile dans le budget de chèque numérique à tous les commerces, vous ayez trouvé le graal.
    Et là je brandis à nouveau mon petit panneau vigilance, en vous disant que Prestashop est une machine de guerre, que les vidéos en ligne vont certes pouvoir vous aider mais que si c’est pas votre truc et/ou que vous n’avez pas que ça à faire vous allez subir l’outil plus qu’autre chose. Cette solution n’est à choisir que si vous êtes prêts à apprendre à vous en servir tout seul, et/ou que vous pourrez de temps en temps déléguer un peu de budget à un prestataire pour vous aider dans la gestion de votre site. Sachant qu’en parallèle, restera à votre charge la communication pour faire venir les clients sur votre site et l’hébergement web annuel.
    Si ça vous parait déjà trop compliqué, autant vous tourner vers des solutions clés en main comme Wizishop ou d’autres solutions plus modestes comme suit.

Marketplace Click & collect :
numériser en toute simplicité et efficacité ?

Vous souhaitez limiter la complexité tout en bénéficiant de la force du numérique ? Vous n’avez pas forcément besoin d’un site internet juste pour vous. Au contraire, la force de plateformes collectives regroupant les autres commerces de votre quartier est un réel levier : une personne venue pour commander chez son boucher, tombe sur vos produits et en profite pour commander aussi chez vous. Ceci ressemble définitivement à l’effet lèche-vitrine de nos rues, transformé en version internet – car oui internet crée aussi du lien !

Reste à trouver la vraie juste plateforme pour vous. Des collectivités mettent en place des solutions locales, comme Bordeaux ou Angers. Mais quid des plus petites agglomérations ?
Le gouvernement, à raison, recommande dans ce cas de vous référencer sur une ou plusieurs places de marché, mais rappelle aussi le “coût non négligeable : de 7 % à 20 % de frais de commission sur les ventes en temps normal, réduits actuellement.

Cependant, il est normal que le service ait un coût et l’aspect uniquement proportionnel aux ventes effectives est moins pesant qu’en abonnement.
Voici donc quelques exemples de solutions :

  • EPICERY
    Ciblant visiblement tout ce qui est périssable, cette Marketplace permet à tous les types de commerces alimentaires (et même aux marchés) ainsi qu’aux fleuristes de créer leur boutique en ligne.
    Frais de souscription et d’abonnement offerts jusqu’au 1er décembre 2020 (un peu chiche à mon goût mais bon !) Commission de 5%

  • CLICKY
    Malheureusement pour eux, cette plateforme est un contre exemple de ce qu’il est conseillé de choisir. Leur catalogue est trop vide et/ou les boutiques actuellement en ligne sont pour beaucoup fermées. Ils ne prennent pas de commission mais fonctionnent par abonnement mensuel à 49€/mois après les 3 mois gratuits. A ne tenter que si vous avez du temps et souhaitez multiplier les pistes de visibilité pendant la gratuité.

  • MON PETIT ECOMMERCE
    Plus holistique qu’Epicery, les services proposés par Mon petit e-commerce font penser à la fusion d’un annuaire avec un catalogue produits/e-boutique. Actuellement, les frais d’inscription sont offerts (au lieu de 465 € HT) + 3 mois d’abonnement offerts (au lieu de 39€ HT / mois) pour un accompagnement complet ou sinon l’accès est entièrement gratuit jusqu’au 31 décembre 2020, puis 99€ HT par an pour une boutique complète et juste moins accompagnée (Commission : 4% en plus)
    Selon moi, le deal est juste et ultra pertinent pour la vie de nos centres villes. Bravo mon petit commerce !

  • DELIVER.EE
    A ne pas confondre avec Deliveroo, ce service vous permet de simplifier votre passage au click & collect et même à la livraison. Gratuit pendant 3 mois (puis 49 €HT) et avec une commission réduite sur les livraisons actuellement (service a priori ayant un coût supplémentaire).
    L’avantage est qu’il permet de se connecter à votre site internet, votre page Facebook ou à votre page Google My Business. Un peu cher certes mais pratique si vous avez déjà une communauté fidèle.

Autonomiser les petits commerces dans leur numérisation :
la solution la plus résiliente

Vous me voyez certainement venir. S’engager auprès de services certes clés en main mais impliquant un investissement long terme/illimité ne peut être considéré comme une action durable.
Ici, je ne peux que constater que le gouvernement encourage une vision court terme au lieu de favoriser la résilience de nos petits commerces.

Car pour les TPE, et plus que jamais aujourd’hui avec la crise de la Covid 19, un sou est un sou. Et nous n’avons pas besoin de transformer nos commerces de proximité en Amazon alternatif pour que notre économie reprenne du poil de la bête.
Je vais éviter de m’étendre sur les solutions qui auraient déjà mérité d’être mises en place pour ne pas nous retrouver avec nos commerçants dépités de voir leurs clients enrichir des multinationales absolument pas vertueuses pour notre nation. Toutefois la pandémie devient ici une opportunité de bouger enfin les lignes, mais quitte à y mettre de l’énergie autant le faire correctement !

Nos commerçants de quartiers, déjà bien fragilisés avant même l’apparition de ce virus revêche, ont besoin de minimiser les dépenses. Ils ont non pas besoin de surconsommer la digitalisation, mais au contraire de passer au numérique de manière juste et adaptée à eux, à leur clientèle, à leurs produits.
Dans notre société du toujours plus, nous oublions trop facilement qu’il suffit de peu pour avoir une action réelle et que le reste n’est que superflu. Et non, il ne faut pas avoir peur de cette “déconsommation” car il y a encore bien de quoi faire, en remettant les choses essentielles ou non à leurs justes places.

Oui, de nos jours, digitaliser son activité est pertinent car c’est plus simple que jamais, peut être très peu coûteux voir gratuit et en tout cas rapidement amortissable, et permet de multiplier les sources de visibilité et donc clientèle.
Par contre, avoir une présence sur internet ne suffit pas pour vendre. Pour qu’une boutique en ligne soit réellement utile, il faut comprendre les tenants et aboutissants d’une toile perpétuellement en mutation. Et pour ça, il faut que les petites entreprises puissent bénéficier d’une aide de conseil et formation leur permettant de se débrouiller par eux-mêmes à terme.

C’est justement ce que j’ai proposé à Monsieur Thomas Courbe, Directeur général des entreprises, Ministère de l’économie et des finances, Direction générale des Entreprises (DGE) – (oui tout ça).
Car j’ai sollicité la labellisation de “ma solution” (mais pas seulement), pour aider les commerces, artisans, restaurateurs, acteurs de l’événementiel à traverser cette crise et à en ressortir grandis car bien équipés pour désormais aussi oeuvrer sur internet pour notre économie globale.
Dans mon courrier, j’invite le gouvernement à labelliser tout freelance susceptible de pouvoir aider nos commerces de proximité :

Peut-être l’aurez-vous deviné, mais je vous sollicite Monsieur le Directeur en tant qu’indépendante, bien qu’ayant cru comprendre que votre appel à candidatures s’adressait plutôt à d’autres types de structures.
Et pourtant Monsieur le Directeur, je suis une TPE, enfin une TTPE si l’on veut s’en amuser, et vous devinez certainement que nous, freelancers, sommes aussi touchés par cette crise de la COVID 19.

Nous sommes des milliers à voir des contrats s’annuler, se décaler ou à observer notre cible client fondre au rythme des dépôts de bilans ou licenciements de ces autres travailleurs eux aussi touchés.
A une heure où les solutions alternatives, innovantes et constructives sont plus que jamais indispensables pour tenir bon dans la tempête, je me permets de vous demander d’autoriser la labellisation de tout travailleur freelance susceptible de venir apporter des solutions à nos commerces, et ainsi mettre en place un cercle aussi simple que vertueux entre les acteurs les plus fragiles de l’économie Française.

Je conçois que ma demande puisse être naïve, et ai bien noté que cette labellisation a pour but de “favoriser l’identification de solutions mutualisées de qualité, dans l’intérêt des usagers comme des agents publics, collectivités territoriales ou des acteurs privés”, mais au risque de me répéter les indépendants souffrent aussi et ont pourtant de nombreux talents précieux pour nos commerces. Libre après aux commerçants de choisir la solution qui leur convient le mieux, cela dit par expérience passer par un prestataire indépendant sera plus accessible financièrement qu’une plus grande structure et donc plus adapté à cette période de budget très limité. J’ose même penser que cela serait autant d’économies sur les aides du gouvernement.
Mais peut-être serez-vous interrogatif sur la facilité d’identification de solutions freelance, ce à quoi je vous proposerais tout simplement d’agir là aussi localement grâce aux communes ou d’utiliser la force du numérique justement pour fédérer les freelancers. Faisant moi-même partie d’un réseau d’indépendants, j’ai déjà quelques centaines de professionnels à portée de clics.

Me tenant à votre disposition pour échanger autour de cette sollicitation, et même pour accompagner à la réflexion stratégique de la mise en place et au suivi de cette solution, je vous remercie sincèrement des dispositifs d’ores et déjà mis en place pour soutenir nos commerces.

J’ai proposé d’accompagner les commerces de quartier à leur échelle, avec leurs moyens, selon leurs réels attentes et besoins.
Une forme de conseil combiné à la production de solutions réellement utiles, aussi simples parfois qu’une affiche connectée (vous savez, les QR codes) pour aider à la transformation phygitale (pont entre la boutique physique et digitale), ou une forme de support-visio-conseil pour les aider à se débrouiller au maximum seuls tout en les aidant dans les premiers temps à choisir et prendre en main ses nouveaux outils.

L’adage dit “Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson” et je suis certaines que de nombreux freelance seraient aussi capables qu’heureux de participer à la numérisation durable de nos petits commerces.

Vous en êtes ? Mobilisons-nous avec #CommercesResilients en espérant pouvoir ainsi créer le cercle vertueux entre petites entreprises grâce à la labellisation de nos services de qualité.

2 Comments

  1. Beau travail ! c’est franchement une bonne initiative et du courage d’avoir posté cela jusqu’à la direction.

    1. Merci Gaetan, et je crois que plus que du courage il y a ce je ne sais quoi d’évidence qui a motivé cette action. Cela fait profondément sens, aussi pour éviter que je ne sais combien d’euros d’aides soient mal utilisés…

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